La vie et l’œuvre de Véronique Radier : épisode du 20
juin 2013
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Référence : Nouvel Observateur, 20/06/2013, p. 89, article
de Véronique Radier, « Abolir l’examen » (texte complet après les messages)
Messages adressés à : Rédaction, via Courriel
Message du 20 juin 2013
A Monsieur le Rédacteur en chef.
Je viens de lire l'article publié
par V. Radier cette semaine.
Je ne comprends pas comment vous
avez pu laisser passer ce texte nul et ignoble, torché en 3 minutes (non,
j'exagère, en 12 minutes) sur le coin d'une table de café, un texte dont on ne
sait pas pour qui il est le plus méprisant : pour les élèves des lycées de ZEP
ou pour ceux d'Henri IV.
Manifestement, elle ignore qu'il
existe un tas de lycée normaux, ni de centre-ville, ni de ZEP ; elle ignore
aussi qu'en série S, il n'y a pas que des « enfants de cadres, de profs »
: il y a aussi des enfants de journalistes (je ne dirai pas : "de
journaleux", étant respectueux de la langue française).
V. Radier professe une idéologie
que j'appellerai bolchévisme scolaire,
particulièrement bienvenue dans ce haut lieu de l'extrémisme qu'est le Nouvel Observateur.
Dans ces conditions, la camarade commissaire
pourrait-elle expliquer en quoi la suppression du baccalauréat serait un
avantage pour les élèves des lycées de banlieue par rapport aux « élèves d’Henri-IV,
de Louis-le-Grand ou des lycées de Versailles » ? Ne serait-il pas
préférable de supprimer ces derniers établissements et de fusiller « l'aréopage
d’agrégés » qui s'y la coulent douce en toute impunité (donnant en plus
des « petits cours » grassement rétribués) ?
Salut et fraternité.
Message du 22 juin 2013
A Monsieur le rédacteur en chef.
En complément à mon précédent
message, je vous rappelle, et je crois qu'il faudrait le rappeler à la
camarade commissaire, que dans « l'aréopage d'agrégés » qu'elle voue
à la vindicte du lectorat du Nouvel
Observateur, se trouvait, il y a quelques décennies, un certain Jean-Louis
Bory, dont le moindre article dans cette publication vaut infiniment plus
que la totalité des textes de la camarade commissaire Radier.
Je suppose que ladite camarade
ignore qui est Jean-Louis Bory, tout comme elle ignore qui sont Montaigne,
Proust et quelques autres.
Jean-Louis Bory avait, entre
autres, du style et de l'humour. La camarade commissaire Radier n'a que la
haine et le mépris (pour les « cadres et les profs ») pour
sous-tendre ses soi-disant analyses du système éducatif français. Elle a
parfaitement pris le relais de Caroline Brizard dont les stupides
articles m'avaient amené à résilier mon abonnement en 2005.
Je vous invite, Monsieur le
Rédacteur en chef, à réfléchir un peu à ce qu'est la rubrique Education du Nouvel Observateur (depuis une dizaine d'années) et à ce qu'elle
devrait être : autre chose qu'un tissu d'âneries et de lieux communs ressassés
jusqu'à la nausée.
Cordialement.
Cordialement.
L’article « Abolir l’examen »
Il a pour surtitre « 1,5 milliard d’euros pour quoi faire ? » et pour chapeau : « Deux fois centenaire, le baccalauréat est devenu une cérémonie coûteuse, stressante et inutile ».
Texte de l’article
« « Le baccalauréat est, avec la rentrée scolaire, le grand rendez-vous de
notre pays avec son système éducatif. Cette année encore, il sera commenté,
questionné, critiqué… » badinent Vincent Peillon, le ministre de l’Education
nationale, et la ministre déléguée chargé de la Réussite éducative, George
Pau-Langevin, en introduction d’un copieux dossier de 53 pages présentant
l’édition 2013 à la presse. Effectivement il y a matière à critique. Voici
plusieurs années voici plusieurs années que des travaux et ouvrages de recherche
pointent l’inutilité, voire la nocivité de cet examen bicentenaire. Et c’est
maintenant le SNPDEN (Syndicat national de Personnels de Direction de
l’Education nationale qui lui assène le coup de grâce. En compilant différentes
données ministérielles, le syndicat livre une estimation qui donne le vertige.
En tenant compte des heures de cours perdues et de la mobilisation des locaux,
l’organisation du bac général et technologique coûterait au total 1,5 milliard
d’euros !
Un milliard et demi pour quoi faire ? Pour mettre en musique une grand-messe
républicaine orchestrée cette année encore pour 665 000 candidats et leurs
familles. Avec 170 000 correcteurs sur le pont pour corriger 4 millions de
copies. Son mérite ? Sauver les apparences, celles de l’égalité républicaine de
notre école, censée offrir à chacun les mêmes chances de réussite. Mais cette
égalité devant l’examen « impartial » est une fiction et l’anonymat des copies,
un leurre. Entre les élèves d’Henri-IV, de Louis-le-Grand ou des lycées de Versailles,
dopés aux petits cours, aux séjours linguistiques, chaperonnés par un aréopage
d’agrégés, et les élèves des bahuts de banlieue, de ceux où personne ne veut
aller, obligés pour certains de bosser les week-ends pour gratter quelques
sous, peut-on encore parler d’égalité des chances ?
D’ailleurs, le jour du bac, les dés sont jetés. Les filières sélectives, celles
qui offrent les meilleurs débouchés à leurs étudiants, recrutent à partir du
dossier scolaire et des bulletins de notes trimestriels de première et de
terminale. Et il n’y a pas un bac mais des bacs formant une hiérarchie
explicite. Pour les meilleurs élèves, la filière S, un cran au-dessous, ES, le
bac L pour une poignée de mordus des lettres et pour les moins brillants. Les
bacs techno et pro ne boxent pas dans la même catégorie, puisqu’ils ne mènent
qu’à des bac+2. Avec une répartition qui ne doit rien au hasard : on retrouve
en bac général et surtout en S – la filière d’élite, seule à ouvrir toutes les
portes de l’enseignement supérieur – les enfants de cadres, de profs ; en bac
pro et dans une moindre mesure en bac techno, ceux des milieux les plus
modestes. Depuis la mise en place du site Admission Post-Bac, dit « APB », les
candidats connaissent même leur affectation avant le premier jour des épreuves
(dès le 13 juin par exemple cette année). Alors tout ça pour quoi ? Décroché au
total par près de 90 % des candidats, le bac revient en somme, a calculé le
SNPDEN, à 25 000 euros le recalé, soit plus de deux fois ce que nous dépensons
pour la scolarité annuelle de ce lycéen ! « Ces ressources seraient mieux
employées à le faire réussir », note le syndicat. Puisse-t-il être entendu ! ».
Note : le rédacteur en chef, qui ne porte peut-être pas ce titre, est, je crois, Laurent Joffrin. Bien entendu, je n'ai pas obtenu de réponse à ces mes messages.
Note : le rédacteur en chef, qui ne porte peut-être pas ce titre, est, je crois, Laurent Joffrin. Bien entendu, je n'ai pas obtenu de réponse à ces mes messages.
Commentaires
Première approche
L’article se compose
de trois types d’éléments : les informations ; les lieux communs ;
la rhétorique de Radier, qui leur est superposée.
Les informations
concernent
1) la conférence de presse de Vincent Peillon et George Pau-Langevin
2) le travail du SNPDEN, au sujet duquel elle se limite à la mention de deux
calculs
3) l’existence d’une procédure d’ « admission post-bac ».
Ces
éléments informatifs représentent un tiers de l’article ; le reste est
constitué de lieux communs ; en effet, Radier, au lieu de traiter le sujet
proposé (l’abolition du baccalauréat), part sur un thème différent : les
inégalités devant la réussite scolaire, thème qui permet à sa rhétorique de
jouer à fond, bien qu’elle ne soit pas absente de la rédaction des éléments
informatifs.
Analyse des
informations
2) le travail du SNPDEN
On remarquera que Radier n’en fournit ni
le titre, ni les références.
En ce qui concerne les calculs, qu’elle reprend
plus ou moins (« coûterait ») à son compte, on peut estimer qu’ils
sont sujet à caution :
a) le coût global du baccalauréat
« En tenant compte
des heures de cours perdues et de la mobilisation des locaux, l’organisation du
bac général et technologique coûterait au total 1,5 milliard d’euros » : apparemment, ont été additionnées les dépenses effectives liées au bac
(rétribution des corrections, des indemnités de déplacement, etc.) et des « manque
à gagner (heures de cours non effectuées) ; je ne comprends pas à quoi
correspond la notion de « mobilisation des locaux ».
b) le coût par
candidat refusé
« le bac revient en somme, a calculé le SNPDEN, à
25 000 euros le recalé, soit plus de deux fois ce que nous dépensons pour
la scolarité annuelle de ce lycéen » : ce calcul est assez curieux ;
dans la logique radiérienne, il serait intéressant qu’il y ait plus de recalés,
ce qui permettrait de diminuer le coût unitaire. Le seul calcul fondé serait le coût par candidat, recalé ou reçu.
D’autre
part, il est évident que si on supprimait le baccalauréat, on ne disposerait
pas ipso facto de ces 25 000 euros pour chaque recalé, puisqu’ils incluent
probablement les dépenses virtuelles mentionnées plus haut.
En conclusion, ces informations ne paraissent pas très sérieuses (en fait, il ne s'agit que d'un prétexte pour lancer sa diatribe habituelle).
A venir :
Suite des commentaires (note 8 novembre 2013 : la suite des commentaires est en cours d'élaboration)