mardi 29 octobre 2013

32 Message au Nouvel Observateur (Radier, juin 2013)

La vie et l’œuvre de Véronique Radier : épisode du 20 juin 2013
Aller à l’accueil

Aller à la table des matières
 



Référence : Nouvel Observateur, 20/06/2013, p. 89, article de Véronique Radier, « Abolir l’examen » (texte complet après les messages) 

Messages adressés à : Rédaction, via Courriel
Message du 20 juin 2013
A Monsieur le Rédacteur en chef.
Je viens de lire l'article publié par V. Radier cette semaine.
Je ne comprends pas comment vous avez pu laisser passer ce texte nul et ignoble, torché en 3 minutes (non, j'exagère, en 12 minutes) sur le coin d'une table de café, un texte dont on ne sait pas pour qui il est le plus méprisant : pour les élèves des lycées de ZEP ou pour ceux d'Henri IV.
Manifestement, elle ignore qu'il existe un tas de lycée normaux, ni de centre-ville, ni de ZEP ; elle ignore aussi qu'en série S, il n'y a pas que des « enfants de cadres, de profs » : il y a aussi des enfants de journalistes (je ne dirai pas : "de journaleux", étant respectueux de la langue française).
V. Radier professe une idéologie que j'appellerai bolchévisme scolaire, particulièrement bienvenue dans ce haut lieu de l'extrémisme qu'est le Nouvel Observateur.
Dans ces conditions, la camarade commissaire pourrait-elle expliquer en quoi la suppression du baccalauréat serait un avantage pour les élèves des lycées de banlieue par rapport aux « élèves d’Henri-IV, de Louis-le-Grand ou des lycées de Versailles » ? Ne serait-il pas préférable de supprimer ces derniers établissements et de fusiller « l'aréopage d’agrégés » qui s'y la coulent douce en toute impunité (donnant en plus des « petits cours » grassement rétribués) ?
Salut et fraternité.
Message du 22 juin 2013
A Monsieur le rédacteur en chef.
En complément à mon précédent message, je vous rappelle, et je crois qu'il faudrait le rappeler à la camarade commissaire, que dans « l'aréopage d'agrégés » qu'elle voue à la vindicte du lectorat du Nouvel Observateur, se trouvait, il y a quelques décennies, un certain Jean-Louis Bory, dont le moindre article dans cette publication vaut infiniment plus que la totalité des textes de la camarade commissaire Radier.
Je suppose que ladite camarade ignore qui est Jean-Louis Bory, tout comme elle ignore qui sont Montaigne, Proust et quelques autres.
Jean-Louis Bory avait, entre autres, du style et de l'humour. La camarade commissaire Radier n'a que la haine et le mépris (pour les « cadres et les profs ») pour sous-tendre ses soi-disant analyses du système éducatif français. Elle a parfaitement pris le relais de Caroline Brizard dont les stupides articles m'avaient amené à résilier mon abonnement en 2005.
Je vous invite, Monsieur le Rédacteur en chef, à réfléchir un peu à ce qu'est la rubrique Education du Nouvel Observateur (depuis une dizaine d'années) et à ce qu'elle devrait être : autre chose qu'un tissu d'âneries et de lieux communs ressassés jusqu'à la nausée.
Cordialement.



L’article  « Abolir l’examen »

Il a pour surtitre « 1,5 milliard d’euros pour quoi faire ? » et pour chapeau : « Deux fois centenaire, le baccalauréat est devenu une cérémonie coûteuse, stressante et inutile ».

Texte de l’article


« « Le baccalauréat est, avec la rentrée scolaire, le grand rendez-vous de notre pays avec son système éducatif. Cette année encore, il sera commenté, questionné, critiqué… » badinent Vincent Peillon, le ministre de l’Education nationale, et la ministre déléguée chargé de la Réussite éducative, George Pau-Langevin, en introduction d’un copieux dossier de 53 pages présentant l’édition 2013 à la presse. Effectivement il y a matière à critique. Voici plusieurs années voici plusieurs années que des travaux et ouvrages de recherche pointent l’inutilité, voire la nocivité de cet examen bicentenaire. Et c’est maintenant le SNPDEN (Syndicat national de Personnels de Direction de l’Education nationale qui lui assène le coup de grâce. En compilant différentes données ministérielles, le syndicat livre une estimation qui donne le vertige. En tenant compte des heures de cours perdues et de la mobilisation des locaux, l’organisation du bac général et technologique coûterait au total 1,5 milliard d’euros !
Un milliard et demi pour quoi faire ? Pour mettre en musique une grand-messe républicaine orchestrée cette année encore pour 665 000 candidats et leurs familles. Avec 170 000 correcteurs sur le pont pour corriger 4 millions de copies. Son mérite ? Sauver les apparences, celles de l’égalité républicaine de notre école, censée offrir à chacun les mêmes chances de réussite. Mais cette égalité devant l’examen « impartial » est une fiction et l’anonymat des copies, un leurre. Entre les élèves d’Henri-IV, de Louis-le-Grand ou des lycées de Versailles, dopés aux petits cours, aux séjours linguistiques, chaperonnés par un aréopage d’agrégés, et les élèves des bahuts de banlieue, de ceux où personne ne veut aller, obligés pour certains de bosser les week-ends pour gratter quelques sous, peut-on encore parler d’égalité des chances ?
D’ailleurs, le jour du bac, les dés sont jetés. Les filières sélectives, celles qui offrent les meilleurs débouchés à leurs étudiants, recrutent à partir du dossier scolaire et des bulletins de notes trimestriels de première et de terminale. Et il n’y a pas un bac mais des bacs formant une hiérarchie explicite. Pour les meilleurs élèves, la filière S, un cran au-dessous, ES, le bac L pour une poignée de mordus des lettres et pour les moins brillants. Les bacs techno et pro ne boxent pas dans la même catégorie, puisqu’ils ne mènent qu’à des bac+2. Avec une répartition qui ne doit rien au hasard : on retrouve en bac général et surtout en S – la filière d’élite, seule à ouvrir toutes les portes de l’enseignement supérieur – les enfants de cadres, de profs ; en bac pro et dans une moindre mesure en bac techno, ceux des milieux les plus modestes. Depuis la mise en place du site Admission Post-Bac, dit « APB », les candidats connaissent même leur affectation avant le premier jour des épreuves (dès le 13 juin par exemple cette année). Alors tout ça pour quoi ? Décroché au total par près de 90 % des candidats, le bac revient en somme, a calculé le SNPDEN, à 25 000 euros le recalé, soit plus de deux fois ce que nous dépensons pour la scolarité annuelle de ce lycéen ! « Ces ressources seraient mieux employées à le faire réussir », note le syndicat. Puisse-t-il être entendu ! ».

Note : le rédacteur en chef, qui ne porte peut-être pas ce titre, est, je crois, Laurent Joffrin. Bien entendu, je n'ai pas obtenu de réponse à ces mes messages.





Commentaires

Première approche
L’article se compose de trois types d’éléments : les informations ; les lieux communs ; la rhétorique de Radier, qui leur est superposée.
Les informations concernent 
1) la conférence de presse de Vincent Peillon et George Pau-Langevin 
2) le travail du SNPDEN, au sujet duquel elle se limite à la mention de deux calculs
3) l’existence d’une procédure d’ « admission post-bac ». 
Ces éléments informatifs représentent un tiers de l’article ; le reste est constitué de lieux communs ; en effet, Radier, au lieu de traiter le sujet proposé (l’abolition du baccalauréat), part sur un thème différent : les inégalités devant la réussite scolaire, thème qui permet à sa rhétorique de jouer à fond, bien qu’elle ne soit pas absente de la rédaction des éléments informatifs.


Analyse des informations 

2) le travail du SNPDEN 
On remarquera que Radier n’en fournit ni le titre, ni les références. 
En ce qui concerne les calculs, qu’elle reprend plus ou moins (« coûterait ») à son compte, on peut estimer qu’ils sont sujet à caution :
a) le coût global du baccalauréat 
« En tenant compte des heures de cours perdues et de la mobilisation des locaux, l’organisation du bac général et technologique coûterait au total 1,5 milliard d’euros » : apparemment, ont été additionnées les dépenses effectives liées au bac (rétribution des corrections, des indemnités de déplacement, etc.) et des « manque à gagner (heures de cours non effectuées) ; je ne comprends pas à quoi correspond la notion de « mobilisation des locaux ». 
b) le coût par candidat refusé 
« le bac revient en somme, a calculé le SNPDEN, à 25 000 euros le recalé, soit plus de deux fois ce que nous dépensons pour la scolarité annuelle de ce lycéen » : ce calcul est assez curieux ; dans la logique radiérienne, il serait intéressant qu’il y ait plus de recalés, ce qui permettrait de diminuer le coût unitaire. Le seul calcul fondé serait le coût par candidat, recalé ou reçu. 
D’autre part, il est évident que si on supprimait le baccalauréat, on ne disposerait pas ipso facto de ces 25 000 euros pour chaque recalé, puisqu’ils incluent probablement les dépenses virtuelles mentionnées plus haut.
En conclusion, ces informations ne paraissent pas très sérieuses (en fait, il ne s'agit que d'un prétexte pour lancer sa diatribe habituelle).


A venir : 

Suite des commentaires (note 8 novembre 2013 : la suite des commentaires est en cours d'élaboration)


















lundi 28 octobre 2013

21 Véronique Soulé me saoûle

La vie et l'oeuvre de Véronique Soulé : épisode du 26/11/2012


 
 

 
 
 
 
Référence : Libération, 26 novembre 2012, p. 12-13, Véronique Soulé, « Des Assises pour regarder la réalité en fac »
 
Sujet : Rhétorique souléenne
 
 
 
Prenons le paragraphe intitulé « Surmonter l’échec au cours des premières années » (p. 13).
Que constatons-nous ? Que pour elle, il n’existe pas « l'université », mais « la fac » (sans tenir compte du jeu de mot du titre) ; pas de « classes préparatoires », mais des « prépas » :
« Un tiers seulement des étudiants inscrits en première année de fac arrivent à décrocher leur licence au bout de trois ans »
« Des bacheliers pros se retrouvent en fac de lettres, où ils n’ont pratiquement aucune chance de réussir »
« Des bacs S vont en Instituts universitaires de technologie (IUT) alors que des bacheliers technos se perdent à la fac. »
« pour beaucoup, cela passe par un meilleur encadrement des étudiants, comparable aux prépas »

J’exagère : elle emploie une fois le mot « université » : « l’université, qui ne sélectionne pas, est censée avoir un rôle d’ascenseur social » (bien, la métaphore, je ne l’avais encore jamais rencontrée !).

Notons que, spécialiste de l’éducation à Libération, Véronique Soulé ne sait pas non plus ce qu'est un professeur ; pour elle, il n'existe que des « profs ».

Véronique Soulé écrit comme on parle. Ça me saoule. Pas étonnant que si peu d’étudiants de « fac » arrivent à « décrocher » leur licence.


P.S. Dans le même paragraphe, elle nous dit que :
« les Sections de techniciens supérieurs (STS) qui sont destinées [aux bacheliers professionnels], accueillent des bacheliers généraux. »
Osera-t-on lui signaler que les classes de Technicien Supérieur existaient bien avant, voire beaucoup plus longtemps, que le Baccalauréat professionnel (« Bac Pro ») et qu’elles n’ont pas été créées pour eux ?
Véronique Soulé, qui n’a probablement passé ni le baccalauréat professionnel, ni le baccalauréat technologique (« Bac Techno »), ne se pose pas de problème : comme Geneviève Fioraso l’envisage, il faut « remettre de l’ordre : les pros en STS, les technos en IUT, etc. ».
Mais « cela nécessite des moyens. La ministre a parlé de fermer des masters ayant peu d’étudiants pour dégager des postes pour la licence. Mais les enseignants de ces masters protestent. ». Les tristes sires…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 27 octobre 2013

31 Message à Libération (Soulé, octobre 2013)

La vie et l'oeuvre de Véronique Soulé : épisode du 26 octobre 2013


Aller à l’accueil
 
 

 
 
Référence : Libération, 26/10/203, Dossier "Des élites pour tous" (pages 1-5)

Message adressé à : Rédaction papier via Libération Contacts

 
Bonjour.

Votre dossier est parfois intéressant, mais dans l'ensemble il fait preuve d'un certain confusionnisme : vous mélangez plusieurs problèmes tels que : le déclin de la culture française (accroche de l'éditorial de Fabrice Rousselot), le caractère uniforme des élites politiques, le mode de formation des élites en général, le problème de la reproduction sociale dans l'école.

A cette absence de problématique, j'ajouterai quelques éléments concernant la rhétorique de Mme Soulé, qui a, encore une fois, réussi à placer une de ses phrases fétiches : "l'école française est la plus inégalitaire dans les pays développés", ce qu'elle semble vouloir démontrer en ajoutant que : "un enfant de famille défavorisée a plus de risque que les autres de redoubler au CP et de décrocher au collège". Désolé, mais cela ne démontre pas que ce soit pire en France que dans d'autres pays : il s'agit seulement d'une explication de ce qu'est l'inégalité scolaire (les lecteurs de Libération, qui ne font pas partie des classes défavorisées, n'ont pas nécessairement besoin d'explications aussi primaires !). Pour ma part, je ne pense pas que la situation soit forcément meilleure pour les classes défavorisées aux Etats-Unis ou en Angleterre, mais je suis prêt à changer d'opinion si on me démontre que j'ai tort.

Donc : Mme Soulé pourrait-elle PROUVER avec des chiffres PRECIS, PERTINENTS et SOURCES son assertion récurrente sur "la France pays le plus inégalitaire scolairement" ? Elle ferait ainsi un vrai travail de journaliste, au lieu de se contenter de son habituel bourrage de crâne.

Cordialement.
 
 
Commentaire
Véronique Soulé, à Libération, représente le versant bête du discours médiatique sur l'école (alors que Véronique Radier, au Nouvel Observateur, en représente le versant méchant, ou plutôt à la fois bête et méchant, mais sans second degré).

Dans l'article, on trouve plusieurs autres assertions intéressantes, notamment celle-ci :

La chercheure Muriel Darmon, qui vient de publier une étude fouillée sur le monde des prépas (Classes préparatoires. La fabrique d’une jeunesse dominante, la Découverte), évoque une «solution utopique» : «On pourrait inverser les publics, mettre les élèves de prépas à l’université et les étudiants en prépa. Les premiers s’en sortiraient très bien en fac, où l’on doit être autonome. Les seconds profiteraient à plein des cours en petits groupes, du suivi des enseignants et des contrôles répétés. Mais c’est difficilement réalisable.»
 
Solution utopique, en effet, puisqu'il y a quelques dizaines de milliers de place dans les classes préparatoire et plusieurs centaines de milliers d'étudiants.
Par ailleurs, cette idée de Muriel Darmon  a des implications que Véronique Soulé, toute à son admiration, n'entrevoit pas : que dans les classes préparatoires, les cours ont parfois lieu à 40 ou 50, que les élèves sont certes harcelés de travail, mais ne sont pas "suivis" à proprement parler (c'est "marche ou crève !", comme à la Légion) et que ce régime ne serait probablement pas apprécié par des élèves qui sortent du lycée avec une certaine nausée des cours à longueur de journée (je précise que personnellement, je ne suis pas un partisan inconditionnel du système des classes préparatoires et des concours à bachotage, qui organise - nécessairement - un gaspillage de travail et d'énergie).
Muriel Darmon et Véronique Soulé envisagent les choses de façon évidemment différente : des classes préparatoires, ou plutôt des classes propédeutiques, qui seraient une extension de l'enseignement maternel au delà du bac : "Alors, mon petit, pourquoi tu n'as pas réussi ton exposé sur la philosophie de Socrate ? Tes corn flakes n'étaient pas de première fraîcheur ?"
L'université (dite "la fac" dans le discours médiatique courant) deviendrait le lieu de rassemblement des meilleurs... et, sinon, on dirait avec honte de ses enfants : "Les cons, ils ont été orientés en prépa !".



Autre article sur Véronique Soulé
*Episode du 26 novembre 2012 : Véronique Soulé me saoûle