dimanche 13 janvier 2013

29 TOUS BARJOTS DERRIERE FRIGIDE BARJOT !


13 janvier 2013 : Manifestation monstrueuse à Paris, France










On ne peut qu’être ému au spectacle des millions de gens qui « sont partis de bon matin, avant le jour, la nuit était comme un four », prenant qui le train, qui le car, pour venir à la capitale proclamer leur attachement aux valeurs familiales et crier : 



« Tous barjots derrière Frigide Barjot ! »

vendredi 11 janvier 2013

28 François George sur Maurice Thorez


Les origines sociales de Maurice Thorez, selon François George







Références :
*François George, Pour un ultime hommage au camarade Staline, Julliard, 1979, chapitre 2, p. 41.
* « Maurice Thorez » dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier


Le livre de François George est dans l’ensemble intéressant et ouvre de large perspectives sur l’interprétation du communisme, mais des assertions discutables lui viennent parfois sous la plume.

Par exemple, dans le chapitre consacré à « La critique de l’amour », il évoque 

...l’idée opportunément exprimée par Maurice Thorez : « Les mères ont fait aimer à leurs enfants le nom de Staline. » Ce n’est pas une simple niaiserie, le « fils du peuple » sait de quoi il parle4 : cela veut dire que la mère, usant du pouvoir qui est le sien en vertu de l’adage latin mater certissima, pater semper incertus, indique à l’enfant l’identité de son père symbolique, autant dire de son vrai père, Staline.
4. Il était lui-même, sur le plan symbolique - le seul qui compte - fils de mineur, c’est-à-dire fils du représentant le plus pur du Prolétaire « en soi » (en fait, il était le fils « illégitime » d’un boucher).

Cette note contient une déformation, à peine sensible, de la réalité, mais qui relève tout de même de la distorsion, volontaire ou involontaire. Quelle impression en tire-t-on en effet ? Celle que Maurice Thorez a menti à propos de ses origines. Au sens strict, François George ne profère pas cette accusation (peu originale) ; mais un lecteur connaissant mal la biographie de Maurice Thorez s’y laisse facilement conduire. Que Thorez ait des tas de choses à se reprocher est une chose ; est-ce une raison pour lui faire en plus ce reproche-là ?

Je propose donc en parallèle un texte élaboré indépendamment de cette controverse :

Le personnage marquant de sa jeunesse fut son grand-père [...], mineur socialiste (guesdiste) de Noyelles-Godault. Embauché à la fosse 4 de Dourges de 1891 à 1914 [...] il était un actif militant [syndical et …] restera jusqu’à sa mort, le 31 avril 1931, l’animateur de la section C.G.T. des vieux pensionnés de Noyelles-Godault. C’est lui qui déclara la naissance de Maurice, enfant naturel que sa fille avait conçu avec Henri Breton, le fils de l’épicier du pays. Refus d’un des deux amants ? Réticences des familles ? La liaison n’avait pas débouché sur un mariage […]. Le jeune Maurice ne connut que tardivement le secret de sa naissance. Il avait en effet été reconnu à 2 ans et demi par Louis Thorez, un mineur qui l’éleva comme son propre fils. Lorsqu’en 1930, Le Populaire fit pour la première fois allusion à ses origines non ouvrières, Thorez répliqua en rappelant que son père Louis Thorez travaillait à la fosse 4 des mines de Dourges depuis 1907 et était syndiqué à la CGTU.

On peut se demander pourquoi François George met illégitime entre guillemets et pourquoi il n’explicite pas la formulation quelque peu ampoulée de sa note. Il aurait pu dire, en somme, si on suit la notice : « Thorez était le fils naturel de la fille d’un mineur et du fils d’un petit commerçant (épicier ou boucher ?) ; il a d’abord été élevé dans la maison de son grand-père maternel, mineur ; il a été adopté par son beau-père, mineur. »

Il ne s’agit pas de quelqu’un qui aurait vécu une enfance petite-bourgeoise, qu’il aurait fait par la suite passer pour une enfance ouvrière. Il a eu une enfance ouvrière dans des familles de mineurs. J’ajouterai que l’expression « Il était […], sur le plan symbolique - le seul qui compte - fils de mineur » est tout à fait inappropriée : une adoption n’est pas « symbolique », c’est un acte de droit parfaitement positif.

Il me semble que François George jette ici sans fondement la suspicion sur les origines de Maurice Thorez et que cela relève d’une rhétorique quelque peu stalinienne (ou, plus généralement, totalitaire), tout à fait injustifiée, même à l’encontre des pires staliniens.

On pourrait aussi s’interroger sur le caractère de « l’accusation » du Populaire, qui me semble relever de l’abjection. Mais je ne dispose pas d’éléments suffisants pour développer se point.

jeudi 10 janvier 2013

27 Un bon plan X


La démocratisation de Polytechnique pour les nuls...







Dans Le Monde du 2 janvier 2013, article de Benoît Floc’h sur le recrutement de l’Ecole polytechnique, « Un coup d’épée dans l’élitisme ».

L’auteur s’ébaubit parce que, de 2007 à 2012, le nombre de boursiers reçus au concours y est passé de 7 à 13 % (après « une pointe à 17 % en 2011 », ce qui n’empêche pas que « le nombre d’élèves boursiers ne cesse d’augmenter ») ; il se désole en même temps d’un résultat très insuffisant, puisque l’université, elle, n’en a pas moins de 35 %.

Un concours républicain, donc injuste 
La faute en revient au fait que « le concours est républicain, c’est-à-dire qu’il traite tout le monde sans faire de différence »*, ce qui est logique dans « un pays passionné par l’égalité »*, mais évidemment ne peut qu’être favorable à la bourgeoisie et autres catégories privilégiées (« A l’Ecole polytechnique, citadelle républicaine qui forme l’élite bourgeoise depuis des lustres […],  le recrutement reste socialement très déséquilibré. »).

Benoît Floc'h est « vraiment révolutionnaire » 
On constate donc que Benoît Floc’h n’hésite pas à faire l'apologie de la haine de classe et à prêcher la remise en cause de tous les privilèges. 
Qu’on se rassure : les lecteurs du Monde font partie des catégories sociales qui alimentent l’Ecole polytechnique avec leurs rejetons, donc, les risques d’embrasement restent limités.

Pourquoi pas moi ?
Ce qui est désolant dans cet article, ce n’est pas sa double pensée, mais l’incapacité de l'auteur à traiter correctement le sujet, à informer véritablement ses lecteurs, par delà une série de lieux communs sans grand intérêt. 
Le fond du raisonnement est absurde : il met en balance « l’Ecole polytechnique » et « l’Université ». Il semble vouloir dire que des boursiers remarquablement doués qui seraient normalement allés à l’Université se seraient, dans ces dernières années, avisés de l’existence de l’Ecole polytechnique, se seraient dit : « Pourquoi pas moi ? » (« Halte à « l’autocensure » ! ») et, last but not least, auraient réussi le concours.

Un conte de fées pour adultes 
Cela relève du conte de fées pour adultes consentants. 
Il est bien évident que des élèves boursiers assez brillants pour être reçus à Polytechnique ne sont pas allés à l’Université : ils sont allés dans une classe préparatoire scientifique, avec une bonne perspective d’être admis dans une école d’ingénieur (sans parler de celles qui recrutent sur dossier). Et pour certains d’entre eux qu’ils ont passé le concours de Polytechnique à côté d’autres concours moins prestigieux. L’alternative n’est pas « Polytechnique/Université », mais « Polytechnique/autre école d’ingénieur ». 

Dans ces conditions, est-ce que la variation du nombre des boursiers reçus à Polytechnique est significative ? Probablement pas. En tout cas, pas sans qu’on dispose des données concernant les classes préparatoires et les résultats des autres écoles d’ingénieurs.

De telles interrogations sont manifestement au-dessous de l’entendement d’un journaliste français spécialisé dans l’éducation. Les siennes (comment mettre fin à l'élitisme) sont beaucoup plus haut de gamme...  

NOTES
* citations approximatives













mercredi 9 janvier 2013

26 Quand Frigide Barjot se met le doigt dans l'...


…œil.






Interviewée par Yannick Urrien dans La Baule+ (n° 106, janvier 2013, p. 4-5), elle déclare notamment (p. 5, colonne 3) :

J’aime trop la communauté homosexuelle pour qu’elle soit demain la vindicte de l’humanité.

La phrase est jugée suffisamment importante pour être reprise comme titre de l’interview (p. 4).

Le chapeau de l’article met les points sur les i :

Elle estime que […] la communauté homosexuelle sera victime d’une grande vague d’homophobie, parce qu’elle sera alors accusée d’être responsable de très graves bouleversements de la société, alors qu’elle n’avait pas du tout demandé cela au départ….

Désolé, Frigide, vous avez tout faux.

Il fallait dire : « pour qu’elle soit demain l’objet de la vindicte de l’humanité ». La phrase reproduite par La Baule+ n’a aucun sens.

Cela dit absolument pas dans le but de discréditer votre beau combat.


Qu’est-ce que La Baule+ ?
Un mensuel gratuit diffusé à la Baule-Escoublac et dans les communes alentours (Guérande, Pornichet, etc.).
Son directeur de publication est Yannick Urrien.
Outre d’intéressantes fiches cuisines concoctées par les chefs locaux et la chronique de l’écrivain local Dominique Labarrière, La Baule+ consiste surtout en interviews de people en séjour à La Baule : personnalités qui, au demeurant, ne sont pas toujours de droite extrême. On peut même y rencontrer des gens de gauche (Joël Batteux, maire de Saint-Nazaire, dans le même numéro), mais c’est rare.
Le courrier des lecteurs vaut aussi d’être lu, pour son choix de missives exprimant la quintessence de l’idéologie baulocentrique.